Fortiche : Peux-tu nous relater ton parcours ?

‍

J'ai commencé par une MANAA (Mise à niveau en arts appliqués) à l'ESMA Toulouse en 2010-2011, suivi du cycle professionnel de Cinéma d'Animation 3D en 3 ans dans la même école. J’ai été diplômé en 2014 avec le court-métrage "Amir et Amira" que j'ai co-réalisé avec 5 amis de ma promotion. C'est ce même court-métrage qui m'a permis de rapidement travailler.

‍

5 mois chez Teamto à la sortie de l'école, sur la saison 1 de "Pyjamasks" mais surtout 3 ans chez Framestore Londres de 2015 à 2018 où j'ai pu bosser sur des projets comme les "Gardiens de la Galaxie Vol 2", "Paddington 2", "La Belle et la Bête" ou "Mowgli" entre autres. Des projets très réalistes et exigeants qui m'ont permis de vraiment pousser le détail et la crédibilité de mes animations.

‍

Je suis ensuite revenu en France pour me rapprocher de ma famille, j'ai passé une année chez TAT production, à Toulouse, pour participer à leur deuxième long-métrage "Terra Willy", avant de rejoindre Fortiche Paris en Mars 2019 pour la saison 1 d'"Arcane".

‍

‍

F : Pourquoi as-tu choisi cette voie ?

‍

Petit j'allais souvent au cinéma avec mon père et ce dernier a toujours beaucoup, beaucoup regardé de films chez nous. J'étais souvent assis sur le canapé d'à côté à les regarder avec lui. J'ai grandi entouré des VHS, DVDs puis Blu-rays de ces réalisateurs, Martin Scorsese, Georges Miller, David Fincher, Ridley Scott, F F. Coppola, Brian de Palma, James Cameron pour n'en citer que peu.

‍

De mon enfance à l'adolescence, les films Pixar, Blue Sky et Disney ont rythmé mes week-ends. Quand mon père travaillait, c'était avec mes sœurs qu'on les passait en boucle à la TV.

Et bien sûr, génération oblige, j'ai aussi grandi avec une manette de Playstation puis PS2 et PS3 dans les mains. J'étais assez fasciné par l'évolution graphique des jeux vidéos et surtout des cinématiques. Je pense que celles de God of War (premier du nom) sur PS2 m'ont donné, dans un premier temps, l'envie de m'orienter dans le domaine de l'animation.

‍

Dans un second temps, un reportage télévisé a confirmé vers mes 13/14 ans cette envie. J'ai découvert à travers ce documentaire que l'univers de l'image de synthèse, et plus particulièrement de l'animation, était constitué de métiers à part entière et que l'on pouvait en vivre. Finalement, on avait d'autres choix que d'être ingénieur, d'aller en fac de lettres ou d'économie.

‍

Je pense que l'animation est un formidable médium d'expression qui me permet d'explorer mes propres émotions et de les mettre au service des personnages. Et surtout, on fait des films ! Ce qui est génial. On est acteurs par procuration. Ce qui me plaît le plus dans cette profession c'est que d'une part, c'est une passion qui nous pousse à aller plus loin dans la justesse de ce que l'on veut raconter et surtout, on continue perpétuellement à apprendre. D'autre part, c'est un travail collectif, d'échange, un vrai travail d'équipe et je pense que c'est ce qui me plaît le plus.

‍

‍

F : Depuis combien de temps travailles-tu avec Fortiche ?

‍

J’ai fêté ma troisième année au studio en Mars 2022.

‍

‍

F : En quoi consiste ton rôle sur le projet ou à Fortiche ?

‍

Actuellement je co-supervise l'équipe d'animation Parisienne sur la saison 2 d'Arcane avec Jean-Charles, ce qui représente environ une soixantaine d'animateurs.rices supervisés par 9 leads animateurs.rices.

‍

Mon rôle est tout d'abord artistique : en livrant avec les leads de chaque équipe des séquences qui correspondent aux briefs des réalisateurs en termes d'intentions, en veillant à la charte/style graphique de l'animation du projet sur chaque plan, soit la cohérence globale et la continuité des personnages à travers les séquences et épisodes, en supervisant la gestuelle/behavior des nouveaux personnages de la série (pré-production d'animation), en livrant les épisodes finis par le département, en gérant la masse de travail entre les différentes équipes et surtout en assurant un retour régulier aux animateurs.rices sur leurs plans.

‍

Mon rôle est également technique : nous devons faire le lien avec les autres départements à travers des réunions pour anticiper les problématiques sur les séquences à venir, nous pouvons être amenés à faire du travail préparatoire, comme tester les rigs pour l'équipe, faire des cycles d'animation, préparer du travail dans la librairie d'animation, demander et faire le suivi de nouveaux outils pour le département, l'organisation de petites masterclasses pour partager avec l'équipe des tips/tricks. Et enfin, j'essaye d'animer un plan par-ci par-là, pour garder la main et surtout me faire plaisir :) .

‍

‍

F : Quel est ton meilleur souvenir à Fortiche ou as-tu une anecdote à nous partager ?

‍

Quand j'étais animateur sur la saison 1, où mes pauses repas duraient 1h et que je pouvais jouer au baby-foot, prendre un café sur la terrasse à 16h, discuter avec les collègues et partir à 19h en ayant le sentiment d'une journée bien accomplie... Ahah ! Hmmm, en vrai, c'est pas faux....

‍

Plus sérieusement, il y a beaucoup trop de choses, qui font que travailler ici est assez unique pour n'en choisir qu'une. Il y a eu tant de discussions passionnées ne serait-ce que sur l'animation d'un blink de 4 frames fait par tel ou telle animateur/animatrice, de moves sur le dance-floor, de memes et gif sur la messagerie interne, de ratés savoureux lors d'enregistrement de références, la relation privilégiée que l'on a avec les réalisateurs et showrunners sur le show, qui rendent le projet si agréable. Mais aussi être chaque jour émerveillé par les designs, boards, mattes, fx, l'anim 2D, le compo, les musiques et j'en passe, avoir l'impression de faire parti d'un tout qui fait sens et ça, je pense que c'est assez rare dans notre industrie.

‍

Finalement, l'expérience entière de travail ici et sur le projet actuel forment un seul et beau souvenir rempli de différentes petites saveurs. Un peu comme un plat gastronomique. #ForticheTouch